vendredi 3 février 2017

Lettres d’exil, Werther.



I

Je nous écris, petite chambre, terrain partagé, cœur éloigné, seul, seulement partagé, assis, table, travail repris, et sans cesse songeant. Qui dit ta place, cœur occupé aujourd’hui, et nuit encore, depuis que, depuis que, depuis, malgré moi, lassé et cassé, travail tombé, cœur débordé, lent, lentement

levé, attiré, cœur secret, temps ouvert.

II

Lettres, lettres exilées, à lire et relire, charme et tristesse, plaisir abandonné, je dois détruire, tout revient, la table, les yeux fixés, lettres à lire, lisant, je vous écris de cette petite chambre: ciel pesé, comme un cercueil qui tombe, lourd madrier, toit éclaté,

charpente, vermine tu ronges, je te cherche et je te vois, ensanglanté, perdu, cœur outragé, au suaire, seul, seulement, seul, exil et isolement.

III

Après un temps, une autre lettre et ouverte, lisant, des cris joyeux d’enfants sous la fenêtre, des cris d’enfants, je pense au temps, les petits jouaient-ils,

oublient-ils peut-être, cessant de lire, non, l‘image est vivante, revenez, mais, oh, revenir,  lettres de glace et d’épouvante, lisant, on dit Noël, et jamais, et connaître une vérité et répondre encore et toujours.

IV

Qui est là, qui est d’ici, disparu de toi, absent de toi, pleure-moi, répétant avec effroi, craignant

de comprendre, ne m’accuse pas, pleure-moi, lire, lecture, oui, lisant, de ces yeux pleins de charmes, ces lignes, oui  relisant, mouillé de larmes, ô, et tu frémiras, sans lire, tu frémiras, tu frémiras.

V

Je ne fais rien, je te regarde et je vois et je pense et je dis : ressource pleine et volonté, et totalement,

et sûrement tout en précision, je regarde et je compte, je pèse et tout au poids de chair, tout à la rente, et tout au panier, tête tombée, cœur déchiré, ici loin et ici près, encore sans armes, sans bannières, attendre et se confondre au ciel souverain, à la clarté, aux anges.

VI

Noël est passé, tout avance

et tout est à rompre, les pactes et les lois, tu aimes et tu te désespères, champ partagé, terrain meurtri, pays perdu, tu envisages et tu reçois et tout encore tout du ciel te condamne, les arbres, les vallons, front dépouillé et cœur absent depuis qu’il est parti, malgré moi, tout me lasse, ouvrage tombé.

25 Juillet 2016.

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