mercredi 31 janvier 2018

Il se lance ...

Il se lance et arrive, il pleure. Il se bat pour un trésor, les ors de l'hiver, l'amour qui déchire. Il tend son ombre vers un miroir.

Il traîne sur la route et ne finit pas le chemin à l'envers, à l'endroit. La pente commence et le genou se bloque dans l'effort et la rage. Il faut vaincre et grimper, les oiseaux s'y attellent, le marcheur siffle sur le chemin. L’effort escalade cette montagne de mystère. Les riens se succèdent, dorment dans une grotte de fortune. Des trésors de sagesse figent le rire sur la face. Les muscles se cabrent et dans la nuit finit le pas. La marche compose les souvenirs, la jeunesse s'envole, la mémoire fait rire une pincée de tuiles.

La montée était âpre, le corps se tordait de souffrance et de volonté stupide.

Les enfants perdent leur âme, les filaments du rêve se tirent dans le noir au rythme des cœurs ardents. La canne d'or et de suie, oubliée par un donneur de leçons vient visiter ce temps, vieux spectre surgi de loin, faible et inutile qui ne donne rien et n'apprend rien à la vie. Sur le toit du monde les anges refusent la fatigue, les corbeaux se taisent dans la descente. Le brouillard cesse avec la pente, le chemin glisse dans l'écho. Une rencontre, ils sont descendus et personne ne les a revus, ces chanteurs de lion, rugissants et splendides. Une image reste, perdue au fond d'un cahier, les épaules et l'amour. Ils étaient venus là pour faire davantage, instituer le partage éternel.

Il dit le port, il dit les anges ce souffle qui grandit et perd sa précision, il affronte la veille. Ce chantier de jeunesse a mal tourné, il n'a rien fondé, pourtant les lions, la musique et les mots, la savane, convoqués sur ce toit du monde occidental, rayonnent sortis de l'oubli.

A l'envers, à l'endroit la pente reprend, il faut vaincre et grimper la montagne.

30 Décembre 2004.

mardi 30 janvier 2018

Un bandeau rouge ...

Un bandeau rouge colore le ciel. La nuit tisse un manteau d'innocence, chaque matin la vie encore noire se lance et recommence. Le regard déchire, à chaque pli il faut que je parle et que je confirme, mes enfants sont pendus au fil du plomb et naissent avant l'aurore.

L'espoir cache le sanglot à en trembler. Le silence descendu du ciel construit l'ombre, cerne une obscurité où répandre la lumière : elle ne se dit plus. Il est carré le firmament qui vole sur le pont. L’eau se ferme et frappe le visage, cerne les yeux de larmes à venir. Les heureux crient dans la nuit, les méchants maudissent et avalent les ombres, la figure se distingue et fait entrer le silence dans le repos. Rien n'est égal, rien ne se fait et rien n'enchante. Il y a du pain, et des mésanges sur la colline, les pauvres bégaient et chantent. La bande des sans grades fuit et dit : arrêtons nous ici et crions un moment.

Il faut appeler le silence, l'enfer est pour les autres. Ce monde salit la chaîne tendue dans l'ombre. Les anciens fuient et se lamentent, les plaisirs ne sont plus, les fantômes serrent leurs ceintures, les petits enfants dorment dans le bleu d'une couverture de lune et disent tout bas : menons les avares à ouvrir leurs paniers. Le soleil tord la voix des oiseaux.

Le vent éprouve les arbustes. Leurs troncs plient sous la main qui les frôle et fait jaillir de la sève pour nourrir les corbeaux. Ils sont noirs, ces héros tuent l'avenir. La plume inonde et fait couler bien loin la vérité, le vent fournit à temps son poids de cailloux. Les petits foncent, dénoncent, dans chaque maison un soldat pour la bataille. Les infidèles meurent dans le jour. Ils finissent sur le tronc des arbres évidés par la pluie et le vent. Les erreurs reposent, le vent répand la folie dans la tête des fragiles. Les mercenaires grimpent sur le toit pour voir passer l'oubli. Il est fragile le fidèle qui mord la coupe des angoisses et ferme les yeux sur un tas de fleurs abandonnées près de la fenêtre. La neige ne vient pas, un cheval pleure sur le pré. Il est trop froid le poids des habitudes, la saison meurt dans la main des perdus, disperse les eaux.

Je vous éveille pour vous dire la nouvelle, l'amour nous a sauvés. Serrons le chagrin dans un coffre. Fumée noire déployée en volutes, commence la partie sans fin, de flancs collés, trop serrés. Qu'il est bon, au chaud sur le tapis d'abandonner de l'espace aux anges et aux fragiles, ils préservent la vérité dans leurs mains, la beauté est en marche et rien ne s'y oppose. Il faut que le sacrifice s'accomplisse, les plus démunis de soleil et d'espoir se vengent et poussent sous les portes le froid de la désillusion. Les barbares ont vaincu et leurs ruines seront la beauté du futur.

29 Décembre 2004.

lundi 29 janvier 2018

Aujourd'hui ...

Aujourd'hui le vent est fort, le jour ne se lève pas. Une larme se concentre entre les yeux. Ils serrent un fusil, ils sont petits et sans grâce. L'amertume les éloigne de l'humanité. Qu'ils montent des chevaux à leur démonter l'âme, ils égorgent d'une œillade la grandeur au passage. Ils sont fondus dans la vase ces pêcheurs de grenouilles. Bien heureux celui qui trouve le défaut de la cuirasse, le goût du paraître et l'envie de reconnaissance. Ces sans racines et sans bonté, sans saveur, sans esprit et sans bienfait, vont vider les marais. Les yeux battus ils n'ont rêves ni images et sont imprécis.

Des passereaux sans attraits, volent.

Leurs enfants sont des caprices et crachent au visage leur mépris. Qu'ils portent moustaches ou bérets ces injures aux crapauds se défont de la vie qui chante et du vent en rafales à briser les taureaux. Comme un bonheur ramassé autour d'une grande colère, la vie se dresse contre ces heureux sans gloire. Ils vendent, qu'ils vendent leur fond d'estomac et soient submergés de peur et d'angoisse.

L'air pur enchante les oreilles et refroidit le nez.

27 Décembre 2004.

dimanche 28 janvier 2018

Illusions.


1

Une brassée de jonc et de lilas viendra au printemps, les angoisses de l’hiver finiront dans le rire. Le passant invente une sortie pour oublier le temps, il tente le monde à chaque pas, le passant est perdu, il fuit devant.

Dans la vase, sous leurs manteaux de feu, les égorgeurs jonglent avec la nuit. Ils inondent le parlement des oiseaux, ils dévorent les dernières graines dans le froid. Les jours heureux sont derrière, l’équilibre est rompu, il revient le temps des assassins, des briseurs de rêve, des effaroucheurs de mystères. Dans la tourmente le respect se perd, l’oubli frappe à la porte. Les méchants volent le bien du aux autres et aux choses. Ils figent tout, les lutteurs qui enjambent les ruisseaux.

2

L'eau pousse à l'angoisse, les plus jeunes lui offrent leurs joues. Sans rire ils comprennent la vie. Le jour ne se lève pas et pourtant il inonde. Le vent est le maître, il fend la foule et pose le doigt sur l'épaule des plus jeunes. L'univers est gagné par un rayon sur la façade. Écoute et souviens toi, le regard dévoile la lumière et le bord du toit se couvre de feuilles rouges. Sous le vent, serpente un instant dans la rue, une langue de froid qui va chercher des feuillages, les chevaux mangent leur fagot. Le vent se moque, il gonfle sa part de voiles et gifle la peau sous les bannières. Il écoute et devine.

Les branches sur la façade, disent la lumière est là, ses travaux et ses joies. Les faiseurs de miracle s'inclinent vers la rue. Une marque sous l'arche de la porte, la vie se repère, ce trait si haut fut de l'eau, des innocents se sont noyés. Les oiseaux éveillent la maison et grattent le mur de sable qui coule sous l'aurore. Les vapeurs du matin chantent, la chambre et le pain tourbillonnent. Tu reviens heureux de la rencontre, un taureau frisé et gentil. La bonne humeur se heurte au ménage et frotte les rayures sur le lit.

Le monde sourit dans cet intérieur ordinaire, des oiseaux en cage, des balais dans le placard, le souvenir de pauvres noyés et l'incertitude de l'avenir.

27 & 28 Décembre 2004.
















samedi 27 janvier 2018

Ils vinrent et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau né.

Un linge est son berceau.

Sur le tissu, les couleurs du monde, les voyages, la mer, la douleur de rester. Quand les clameurs s’apaisent, l’enfant doucement meurt de rester incompris. Sous le regard des tourterelles, un cœur explose, la terre est ronde, orange et bleue. Comprends et vois. Collines immobiles, plat des marécages, la terre dit l’angoisse. Enfant, trace la ligne droite et fauche les roseaux. Grain par grain, les oiseaux pillent bec ouvert. Le cheval de bataille pose des questions. Sur la terre se mêlent le trouble et le bonheur. La vie penchée sur les paquets de couleur, un frisson passe au dessus de l’indifférence. Le présent termine son temps. L’inutile et le futile sont vivants, les guirlandes de joie brillent dans les yeux. Les enfants iront loin, les cloches tintent. La profusion célèbre la pauvreté, les maisons croulent de lumière. Un père, une mère et des enfants aussi, ce soir autour d’eux, petits apôtres, pauvres santons, serrons sur nos cœurs les enfants jamais venus, déjà partis, enfants prodigues, enfants qui ne parlent plus, enfants oubliés, que nous ne comprenons pas, qui ne nous comprennent plus et surtout, surtout, les enfants des retrouvailles, ceux qui vont revenir et ceux qui vont arriver.

Le renouveau enchante.

23 Décembre 2004.

vendredi 26 janvier 2018

Un temps s’achève ...


Un temps s’achève dans les os et la viande macérés, que le chien dévore.

La profusion célèbre la pauvreté, les maisons croulent de lumière. La vue se penche sur les paquets de couleur, le renouveau enchante, un frisson passe dans les couloirs de l’indifférence. Les musiciens figent une note perdue, les cloches tintent dans la mémoire des enfants qui iront loin. La cavalcade des présents termine en temps inutile, le futile est vivace. Les girandoles brillent dans les yeux des cupides qui comptent leurs tiroirs, l’harmonie se perd aux balcons. Les hommages finissent dans une boîte de bois et satin, la reconnaissance du sauveur des sans mémoire est une farce, elle file dans la lumière, les offrandes s’envolent dans un air de désespérance. Ils se donnent du sourire et de la peine les tout petits, ils brillent dans les yeux des vieux, n’osent pas et dispersent en tout sens leur rente de rêve et d’innocence. Les désirs en bataille sous la lumière, coulent dans l’eau de leur bain.

Les objets volés dans l’insouciance disent l’espoir qui se consume et la vie qui fuit. Sur une paille clignote un enfant de cailloux, la vie chante et recommence, la lumière grandit, ne change pas de camp et le rouleau de l’infortune tourne dans l’espace. La ressource des pauvres est de chanter sur le dos du malheur, les clous s’enfoncent dans une caisse de pleine lune, la vrille perce un trou dans l’os de celui qui meurt de faim. Soyez prudents, les vilains sont lâchés, la rue dérange, les observateurs sont en attente et soignent le retour du soleil et de la gourmandise dans le regard de ceux qui voient finir le temps. Ils se passent dans le dos une crème de volonté et de cailloux, elle respire sur la peau et le creux des reins ploie dans cette chaleur. Le cou d’une cigogne porte des enfants dans le nid. Ils chantent la fin de tout, ces amoureux et dansent dans les rues. Le village meurt, les diseurs s’aventurent dans l’avenir, la grâce est en question, il faut dormir tout un siècle que la poudre du soleil s’incruste dans cette histoire, les enfants trouveront des ossements dans les rues. Ils sont en aventure et dans l’effort, ceux qui jonglent dans la nuit avec la lumière, frêle lueur qui danse à l’appui de la fenêtre et espère la venue du calme face aux hommes.

La saveur glisse dans la joue du petit chien qui mange sa pitance de fête.

23 Décembre 2004.

jeudi 25 janvier 2018

Le figuier ...

Le figuier languit et souhaite l’abandon, scie. Il faut le venger du jardinier, nuit, envoyer des rêves plus tristes.

Ils sont nombreux à croire que les choses se disent sans se faire, que la vérité est plantée au cœur des arbres comme des corbeaux sur une porte de sorcière. Les chasseurs de salut se tirent sur le poil à la pleine lune, les anges se dispersent en malentendus.

Le froid tire, le chien s’effarouche et ne croit rien. Pour comprendre ce qui se passe et se dit, il faut lire dans le miroir, grandi chaque jour au ciel et figé parfois quand descend vers nous l’ombre simple des âmes heureuses. Elles tournent dans ce jardin de roses et de papillons.

Ne coupe pas cet arbre cet hiver.

22 Décembre 2004
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mercredi 24 janvier 2018

Lire Saint Augustin et Blaise Pascal.


Les clairs et les obscurs sont une couronne d’étoile pour la postérité.

A l’abri de la peau, il rêve et contemple, il filtre au travers des cils fermés au soleil. Il est perché comme un oiseau la nuit, son cri seul le repère. Le corps interroge et fixe du silence sur sa liberté. Il chante et donne l’éternité au clin d’œil, la fermeté sonne et éclate. Dans un baiser de gourmandise, le chœur des anges frissonne, sa rumeur varie sur le toit. Certitude de chanter et dire, face à l’éternité, l’obscurité compose, elle affermit la volonté. La solitude et l’évidence de paraître donnent confiance, au monde. Les heureux sont en face, penchés sur le départ, le tri se fait avec courage, dans le scintillement de la vie recommencée. La fange et le serein se disputent, ils chantent sans attendre la direction. La peur sonne et résonne au cœur des bois, des verres polis et battus dans la mer brillent comme un simple plaisir. La chance tremble dans le soir qui vient. Des silhouettes découpent leurs traits sur la porte, la poignée résiste, les gonds grincent, celui qui ouvre transpire et se fond dans la couleur du mur qui s’effrite. Le souffle manque, la chanson du courage meurt dans un poumon ralenti et qui crache. La volonté flétrit et décline dans la pauvre jambe. Il meurt de trop d’absence ce corps, chance et savoir de toutes choses. La preuve n’est pas nécessaire, tout se tient dans la croyance. La connaissance de la pierre meurt, la grande peine, dans un éclat qui gerbe l’étincelle. Celui qui arpente son chantier définit la côte. Les réponses se succèdent dans le retour des questions. Il passe de la première volonté à la dernière certitude, il croit et il comprend, que faire, si du cœur du pays et du nord du chapitre, les questions tourbillonnent et affrontent le même coup de marteau. L’Afrique répond et le charme sans le savoir. Il encourage et recompose dans son infini la question qui plombe pour longtemps. Celui qui passe est-il présent, ou cadeau pour les petits enfants. Le trésor traîne au fond de la mare où les poissons se prélassent, la rivière des perles agrandit le regard. La présence dans cette eau de toutes ces certitudes enflamme le chercheur. Les désirs de gloire et de partage vrillent comme la flamme sur le doigt qui lance le couteau. Le corps se perd dans la sensation du certain et de ce qui se mesure, la comédie du savoir et de la création est entière dans le germe à fond de graine. Le premier et le dernier diront ce qu’il faut dire quand le temps sera venu.

La guerre du monde et de sa compréhension, se déclare à tout moment.

21 Décembre 2004.

mardi 23 janvier 2018

Le fond de la rivière ...

Le fond de la rivière agite un trésor, cette folie rassure les enfants. Le visage lancé dans l’envie de dire la candeur, ils collent du sucre dans les yeux des anges froissés. Le retour au temps bâtit sur les ailes, dans le noir, le monument de l’envie et de la rage. Des rangs de plume jouent dans le courant.

La rivière, son parcours, un avenir de solitude, une brisure dans le fond.

20 Décembre 2004.

lundi 22 janvier 2018

Elle court ...

Elle court dans les herbes cette bête qui rétrécit.

La lumière impatiente le regard du suivant. La garde tourbillonne et franchit sans écart les longs chemins de la discorde et du noir dans l’âme. Il revient de loin celui qui crache dans le brasier la soupe froide du remords. Le crépuscule couvre le petit clair et se déroule dans l’air.

20 Décembre 2004.

dimanche 21 janvier 2018

Comment ...

Comment se voit la lumière, de l’est au matin ? Elle déride le visage du dormeur, le pied déjà posé au sol de l’existence.

Il faut peser l’ombre des branches sur la face, les carreaux avalent le destin et trouent de noir, le blanc du mur qui désole. Il est une saveur qui berce la pendule et détend d’un coup de pied précis le ressort de la nuit. La saison de fêtes et de charmes défait de chaque jour le calme, il est une raison qui dit, des fariboles et grandit les trésors qui fondent dans la bouche. Au réveil la jambe se déploie et tire vers le haut, l’orteil va toucher la terre, le contact se fera et le regard cherche toujours la trace des étincelles. Le matin commence, il tue la noirceur.

5 Décembre 2004.

samedi 20 janvier 2018

Il y a sur la route un peuple en visite.



1

Il est un chemin sans rien pour heurter le regard, le pas se dérobe dans la vase. Les désirs, la vengeance et les aveux closent un espoir, la vie se cherche. Ils assument sans peur le regard que déroule la lumière. Ils se lamentent, l’avenir frôle les lèvres, des soldats fredonnent la complainte du retour. Ils seront à faire l’avance du temps et de la volonté. Leurs yeux se mouillent, la brume serre leurs cœurs et leurs poumons dans ses franges de lune et de fagot, de rire et d’oppression. Au recul les défenses se meuvent, attente et refus, les enfants se dispersent. La menace et la flèche se dérobent, fragiles, la bouche se tord dans la chaleur et se resserre autour du cou. Les erreurs se disent et se déploient dans la manche des hommes trop jeunes, ils ne comprennent ni ne voient. Leur ardeur se perd, ce peuple se déplace et se disperse dans le marin, file dans le voile tendu de la lune à la terre. Il est convoitise et aspiration. La force explose dans le mouchoir que la main serre sous le nez, relevez le col et crachez dans la poussière, les gouttes de rosée tendent vers leur but, le poids du plomb anime les perles fines, les plumes tombent sur le pavé raclé par les semelles qui sifflent. Ils fauchent dans le vent qui sèche leur destin et ils retrouveront des cailloux, du sable, des fleurs et des coquilles à rouler sous le pied de ceux qui avancent dans la pâleur, dans l’espace. Un parfum enrobe le torse des amants, ils se séparent, le temps est suspendu, l’air mord et arrache la vie à pleines dents. La vertu dans le vent souffle sur la tête des hommes qui sifflent sur le pont à la cadence de leurs muscles tendus, souvenir de la nuit à venir dans la chaleur du lit. Ils sont en cadence et charment le vent, le paysage se range dans la chaîne, le métal flambe. Ils se reposeront en rêves et en pensées sur le manteau à bercer leur ardeur dans le pli qui tend et détend leur illusion. L’os est éternel. Le grain, le poids de chair et de peau s’agitent. L’étoffe et le crin protègent ce poids de silence, défilent avec eux, les simples de la lance, les grands au cœur battant qui déplacent au matin les crimes et les grimaces de vie. Au bout du pont commence le chemin qui de tout fait une vie lancée et ramène à la surface le parfum du plaisir. Ils pèchent sur le bord de la vie ces jeunes gens qui vont perdre leur fleur et se dilapider, galets à la surface dans un geste sans fin qui trouera leur chemin. Ils sont à retrouver et chanter en chemin, pour en faire des héros et des cracheurs. Le feu met la vie au manche du trident qui leur mordra les flancs.

4 Décembre 2004.
2

A faire office de brisant, la route se déchire et claque sous le pied, le sabot frotte et se lamente le cavalier. La liberté de l’âge et la contrainte du savoir figent l’espace. Les reflux se mêlent aux ardeurs, le grand air roule dans la terre, il échauffe et joue dans les ténèbres sur des volutes et torsades lourdes et malhabiles. Il y a sur cette route un peuple en visite dans ses ruines et ses catacombes, il avance et compte ses pas. Le rire des canailles efface les chansons et désarme la fierté des jeunes. Un parfum de grain et de roseau traîne sur le sable. La porte des adieux se tourne à leur face, ils tirent vers eux les fruits de déraison. Ils sont en une main, en une limite, sur un seul continent ces oiseaux qui bavardent dans les bois. Chante et siffle le merle du village, le noir d’un coup de bec fêle la nichée, les petits ne viendront pas de ces œufs brisés. Il avance à travers les champs celui que ce peuple adore et reconnaît. Il force une barrière et fait fuir tous les chiens en écho, détrousseurs de cadavres. L’os éclate et la dent racle entre les nerfs, il ne reste que l’air pour siffler la chanson du temps, glissée entre la chair et l’os. Il fuit ce torrent de volutes et de torsades. La route murmure avec les muets, des riens balancent au bout du bout du fil et de la corde. Le grain meurt toujours même s’il est jeté au dessus de l’épaule, la tache sur la nappe se disperse dans le retour des nuages. Des enfants rêvent et s’ennuient, les chemins se creusent de gloire, ils résonnent sans fin de l’absence et de la misère. Ce peuple de l’envie se dirige seul et frotte sur sa peau la toile du juron si lourd dans la bouche des faibles. La nuit est une absence, un grand trouble, une conquête à retenir et un pas à ressusciter. Les planètes dispersent sur nos têtes des horizons d’orage et de feu, renversés par l’angoisse de la mort, traînés sur le sable pour un avenir de guerre et d’obscurité. Si demain il vient dans ce paysage tirer sa fantaisie, on verra une ligne de sang et un cœur de charbon, noircissant des images de ruines.

Il est si frais et si rapide le vent qui tourne sur nos têtes.

20 Décembre 2004.

vendredi 19 janvier 2018

Les hommes de force rêvent parfois.

1

Il faut partir et avec le temps, contre l’espace, dire : la vie est un tourment, l’avenir se joue à la ficelle de chanvre entre la vertu et l’oubli. Le pardon et sa déchirure révèlent un fracas de petites larmes, elles courent dans l’infini et accrochent en cage des oiseaux, leurs nids couverts de boue et de soleil. La vertu voile et dévoile une vérité lointaine, elle meurt dans la descente vers la terre ferme. Au jardin les oiseaux se prennent pour des anges et murmurent, ils se désolent et dans un panier de tendresse et de malheur mangent olives et raisins mêlés.

Les feuilles et les branches se teignent de rosée, fraîcheur trop vive et insoutenable. L’ivresse passée, délivre un secret. Le drame se décline en rondes d’olives et de grappes sur la carapace d’une tortue, elle tourne sa tête vers le point le plus froid. Une petite voix se souvient et répète, elle ouvre les barrières de l’éternité. Il faut partir et admirer. La fusion du chant et de la langue éclaire la route. Les enfants, fuite sans retour, s’engagent sur le chemin de la raison et du partage. Une petite voix se souvient, répète et ouvre les barrières de l’éternité. Ils cueillent des olives comme si leur vie en dépendait et ils s’accrochent aux branches qu’ils courbent et cassent. Leurs vies pendent dans les branches, ils jouent une comédie de sarcasmes. La fureur du jour, éclaire les incertitudes. Leurs vies en dépendent et les arbres se plaignent. Le soir viendra, mais le jour ne s’est pas levé, les sanglots se dispersent et l’aube qui se prolonge effraye les oiseaux, ils réclament leur pitance, piquent dans les olives et les raisins juste pressés.

Le jour ne vient pas, trop tôt allumé et si peu éclairé. La récolte est médiocre, l’espoir de venir en sucrer le printemps tient le cœur réjoui et la joue en chamade, le pied est noirci de terre et cailloux, un jour nous mangerons cette vendange amère.
2

Ils se dévisagent et chantent les ambitions et les regrets. La vieillesse déclenche la sueur et un reflet de vif argent. Il faut supporter l’attente couronnée de froid, l’espérance du printemps, de l’or fin. Le temps passe, la peur installe un horizon de plumes et d’orgueil. La parole modère la tension et la défaite, une petite voix s’inquiète dans l’espérance sauvage. Ils chantent pour les efforts d’une foule en avance dans le matin que tremble l’air marin. Le velouté du soleil caresse et fait rêver de volupté. La lessive forte et bien mesurée nettoiera les olives de leur amertume, les lutteurs nourrissent leur chair de cette force vive et de crachats lancés dans les mains, ils se froissent et font luire le cou de qui les accroche, dévêtent leur armure et fondent dans l’eau claire. Ils sont durs et leur envie de bien faire, de bien comprendre et d’être bien compris, berce en eux des enfants tendres et sucrés qui glissent dans leur bouche le sein d’où coulent le lait et le miel. Leur ferveur est intacte, leur douceur et les rires se défont sous l’eau claire et dans la mousse qui délasse le cœur.

Ces oiseaux armés se frottent du bec. Il y a au monde une saveur nouvelle qu’il faut goûter, sans rien choisir, il faut aimer et plaire, et regarder la vie se défiler dans l’ombre qui s’oublie et se pleure. Parfois un taureau fonce sur le sable. Les bandits, les obscurs, les dégradés de l’âme et de l’air se défont sous l’arbre, la corne défigure le corps pur et serré dans la main fine des amis, ils enfoncent dans le seau des apparences et des doutes et l’odeur du monde. Ils recommencent quand le froid de la rosée souligne le poil et le grain de la peau qui frémit sous la langue qui râpe. Les revenants devinent dans la sève de l’arbre fendu, un réconfort qui déchire et mord dans la chair tendre et suave celui qui fait le malin et chante. Ils passent sur ce toit du monde, distribuent les présents. La vie recommence, les effrayés se donnent aux silencieux et sourient en chemin de la joie qui étreint les corps et les dents avec force. Le respect et le bien, le don et le partage de tout sur terre, affirment la grandeur des mystères et leur dévoilement. La route, le froid, les règles et les lois font une gerbe de blessures dans le muscle jusqu'à l’os, jusqu’au nerf. Le corps qui observe et réunit, qui froisse et qui dompte, renaît de la candeur et du courage. La vérité de ces hommes a la valeur d’une guirlande de fer et de roseaux qui pare le front et la taille du grand qui dirige mon monde et m’enchante le soir quand j’en refuse le bras et le silence.

2 Novembre 2004.















3




Le froid recommence, les avides et les fous sont en embuscade. Les bêtes, les gens et le regret ensemble se faufilent en haut de l’escalier et regardent dans la lucarne le destin, fixent la raison, fixent le voulu, le tendre et l’inconcevable. La vertu et le sable coulent entre les doigts. La bataille commence et enchevêtre l’éternité. La vie invente dans la paresse, les ordres et les rires, ils se disent en attente et foncent dans le ciel bien loin au dessus du miroir. La rue danse dans la fumée du noir de suie et des cailloux, brûle et explose sous des parapluies noirs et des ombrelles de feu. Les enfants fabriquent sans le savoir, le souvenir d’un monde de merveilles et de déraison, d’explosions, de refus et de confusion.




On dit : je t’aime et je me meurs, invente moi la vie et je te donne l’espérance, arrache la mort même et construit l’avenir. Les soutiens et la pudeur, la liberté affichent l’instant. La bergère danse et le ramoneur sort de la cheminée. Dans le repos et l’absence, les lois difficiles et les regards perdus, les invités rient toujours et le feu se propage aux arbres de la cour. La vérité blesse, le fracas du temps et les rides font se courber dans la tempête et l’orage de feu, les malins glissent à genou. Boire dans le verre d’un mort est une grave affaire. Le soir les éclairs et la foudre, les sonnailles tiennent la tête, les dieux fuient dans le lointain, le souvenir du mal et le verre de sang, pleurent le ciel du disparu. Le bleu et la soie, dans la fange brillent, sur la rive un fou croit qu’un navire va lever l’ancre, les matelots se mutineront. Je tente une escalade de fleurs et de rochers dans le bruissement de la liberté. Je mange de la vie et boit du tourbillon. Les cloches rappellent l’éternité qui bat dans le cœur, je me lamente, où est ma liberté, que faire de mon nom, qui sera le dernier de cette histoire ?




Dans un souffle le temps se rétrécit et la veine tarie s’installe dans la nuit, revient, dans le futur le fier passe entre deux visions. Le droit et le couché se donnent en spectacle les aveux et la reconnaissance explosent dans la nuit de ce que tu désires et que nous deviendrons. La buée monte des corps et des narines, la sueur glisse sur le baiser si tard donné dans le noir et le vide. Le temps sème dans le jardin une herbe de hasard, pour rire à déraison. La foison, l’absence de retenue s’effacent, la différence d’attente et d’impression se noient dans le décor. La vie commence et n’en peut plus de plaisir mal éteint et de feu à renaître. Sous la braise, l’orgueil, chante et serpente en embuscade dans la rue.

3 Novembre 2004.





jeudi 18 janvier 2018

Dans sa solitude.

Dans sa solitude, sa bouche et son cœur défont les lacets de l’absence. La plainte s’affiche sur sa poitrine, dans ses bras, l’oubli le consume. Une caresse le détend et embrase le ciel de rire clair et de pensées qui dansent sur le sillon, l’oiseau est à son coucher. Les insectes fuient, les souris défilent sur le fond rouge et jaune, la nuit est en avant. Les chiens poussent leur courage vers l’homme qui fuit dans l’or du soir, la nuit tombe, le bruit des aveux se fige dans la pente du pont. Les enfants se dérangent dans l’ombre et signent une absence faite de remords et d’orgueil, de vengeance impudique et de fiel déversé sur un cœur de sucre. Les oiseaux passent, sifflent l’air de l’aile et du bec, l’eau coule, de boue et d’encre, les poissons morts en flottant attirent le regard. Le songe et les mensonges de la chair et du pied embrassent le monde entier, ils préservent la flamme et le clair de l’angoisse. Les murmures devancent l’appel, des saveurs difficiles montent de l’arrière, du silence des champs et du coteau. La fin est à la surface des marais.

Les orages passés, le vent se relève, les roseaux frôlent les nuages et frottent l’air penché. Le pont cueille les confidences des hommes. L’échange de secrets, assouplit et rassure les hommes incapables de comprendre et d’aimer les frissons de la peur. Le monde griffe, les femmes dansent sur le toit des maris fermés dans un serment rejeté. D’un doigt il refuse une larme au bout de son nez. Ce trésor d’émotion prime sur la raison et danse entre la crainte et le danger. L’envol des mains accroche l’air dans le soir. Les ongles se crispent dans la peau et lacèrent les rôles et les jeux, la descendance pille père et mère, dans le massacre du berceau et de la coquille. Entre l’âme et le corps, dans le froid, la distance se devine et des réponses données par miracle se parent du parfum d’une étrange vérité. Il y a au lointain des fumées de bassesse, des envies de mourir et la consolation, demandée et jetée, dans l’eau qui glisse. L’effort est trop tendu, le renoncement est certain, la décision de vivre l’âge et l’absence, est un supplice lent.

Alors vivre, en serrant la main qui se tend, en serrant le corps qui se tend, en partant tous les jours vers l’histoire qui reste et qui se renouvelle dans l’infini du sac et du ressac de l’eau sur les berges, de la nuit sur le jour et du retour toujours de l’horreur sur le bien, de l’angoisse sur la paix. Il y a dans ce petit soir qui passe un ami qui se penche sur le bord d’un canal et un autre qui voit et se tait. Dans notre paradis, le noir nous interpelle, plus blanche sera l’aube, et le matin tremblant. La vérité des hommes se répand dans leur plainte et dans les pieds qui frottent la boue du sol. Le chemin conduit de la nuit aux lueurs du levant. La fragilité des hommes de combat est une caresse sur un coffre de fer.

Il y a sur le pont un homme qui divague et seul s’en va mourir dans sa peine.

29 Octobre 2004.






















































mercredi 17 janvier 2018

Ils sont trois ...

Ils sont trois sur le bord du chemin et souriants ils remplissent des paniers d'escargots, la pluie est tombée. Les deux plus âgés se couvrent de bonnets. Le plus jeune, celui qui soigne le vin, les chèvres et les chevaux, sa tête est protégée de ses beaux cheveux noirs.

27 Octobre 2004.

mardi 16 janvier 2018

Le chemin court ...

Le chemin court sur la rive du canal. La coupe pleine et ronde de la lune sur l'eau est d’une grande douceur, elle réconforte l'attente. Les corbeaux, misère et sang versés éclairent l'absence de leur noirceur. Il y a sur ce sentier un innocent vif, qui sans crainte porte aux lèvres un flacon de vin trop lourd. Une rumeur vire et sent le mystère. Sous son pas se croisent des serpents, ils affrontent le temps et font rugir d'angoisse et d'horreur. Le grattement de leur ventre sur le sable laisse une trace de vie, elle fend par plaisir le monde en deux figures.

Reste par ici et ne court pas trop loin, la figure d'en haut est une chose absurde, elle commence par ternir son éclat dans la boue du ruisseau, elle ferme la mesure, coule de restes de soleil et de poudre marine, de ferveur, d'allant et de vérité. La peur ramène l'aventure et signale le battement d'un cœur à l'abandon. Il faut en silence protéger les enfants des éclats de la soif et du vent. Une voilure blanche s'envole et finit par trembler. Un berceau se bouscule dans son repaire de cigogne perché sur le plus grand des arbres de la vie. Écoutez sans y croire la chanson de l'air dans les herbes trop longues où les fleurs flétrissent. L'odeur de ce visage est un voyage au bout du temps, du rêve et de la peur.

Il faut passer à l'aise et sans encombre sur ces fagots de ronces et de verres brisés.

26 Octobre 2004.

lundi 15 janvier 2018

Il y a dérision ...

Il y a dérision sur terre, le savoir éclaire et console.

Dans le noir un fil attire et fléchit les osiers, les lances, les tiges mal brisées. La barque sur le bord verse des seaux de lune dans la vase. Le regard des petites filles laisse finir la nuit. Il faut tourner, le cadran meurt ce jour de faible lune, le soleil est absent, la vérité se noie dans l'étang. Un qui perçoit le vide déchire le manteau de brume.

Ces égarés lancent à l'aube le geste fier de ceux qui mènent un troupeau, une meute, un monceau de bêtes qui dévorent. Le regard du pâle s'anime, le furieux mord, le frêle bloque la sortie. La fraîcheur agite une armée en campagne dans le matin qui file. Des objets tombent. Sur la route le lent installe l'avenir pour ceux qui avancent. Les carillons chantent l'espoir de voir, les enfants avancent. La pénitence gratte les oreilles, les morsures de la vermine fouillent les yeux de ceux qui sont devant. Ils rappellent dans le premier soleil les erreurs et les coups qui marquent leur avance. L'herbe trop mouillée affine la peau du pied, avant que la corne et le chancre s’y mêlent. Le jour se renouvelle et détend la figure du seul qui mange sans remords. A l'arrivée, le lent, le frêle, le furieux, le pâle tremblent sur leurs pieds. Il y a dans leur air un parfum qui souligne la fin du voyage.

25 Octobre 2004.

dimanche 14 janvier 2018

Un monument.

Un monument se dresse et la ville meurt.
Des hommes bruns, à demi nus, montent une cathédrale à la porte d’une ville qui n’en désire pas tant.
                                                                                                                          31 Août 2004.



                                                                                                

  

                                                                                               


    


samedi 13 janvier 2018

Ils se réunissent.

























                                                                                          
Ils se réunissent et la lumière ternit leur destin. Si tu plantes ce drapeau sur la surface de la terre, le soleil pour longtemps aura un obstacle. Le tour de l’ombre est la parade immédiate, mais qu’elle est la bêtise qui fourbit des armes sous le poids du fardeau de la sagesse et de la vertu.

Les enfants aiment la connivence, ils se lancent à corps perdu dans la course aux odeurs et aux saisons. La pluie sur le toit a ruisselé et le marbre est taché, les pigeons laissent une trace sur le champ de l’amour qui se répand. La fracture du temps et de l’espace explose dans l’orage et dans la déraison. La fatigue est une charge de cruelle façon qui alourdit les membres et les paupières.

Nous vivons une vie ou le matin ne nous éveille pas, un songe affreux nous tient-il pour toujours assoupis, sans goût et sans entrailles, le nerf nous quitte, la raison se tient sur la borne qui encadre la porte au débouché du chemin sur la route. La prospérité sert de mensonge, l’écho de la faim et de la trahison est une affaire de patience et de douceur, la pente se raidit et le montreur de vieilles lunes arpente sans souci le trottoir qui borde notre cœur, une seule représentation aura suffit, la comédie des vieux qui s’aiment éclabousse l’univers et resplendit sur notre passage. 
                                                                                                                          31 Août 2004.

vendredi 12 janvier 2018

Il y a une odeur de raisin.



Il y a une odeur de raisin sous la planche qui se dérobe sans cesse au nez de qui déborde de passion. Il racle dans la cour, le sol de sable et de marbre tourbillonne sous le vent. De la douceur il se lamente, le soir entrouvre la porte de l’hiver et la raison fuit. Il est certain de prendre dans la manche une petite fleur de volupté, une saison de jaloux et de clarté. Il s’inquiète de voir venir sans trembler et debout de beaux enfants, innocence des aveugles  et des sourds qui mordent dans le creux de l’épaule et du torse. Les incollables déshabillent leurs affaires de grâce, dans le soir qui vient. Ils se reconnaissent dans la surprise qui leur fait dire encore, et qui les ressuscite.

Il se dérobe à peine celui qui vient de loin et qui chante l’Espagne sur son visage pâle, la pudeur définit l’outrage. La perle, les sillons, dans la candeur du rire des petites qui volent aux étals, les anciens se lamentent d’une erreur de pique et languissent dans les soirs de pluie. Ils rentrent dans l’oubli les rois de la vaillance, les sans peurs et sans âme qui mordent dans le sac et font tomber en plus dans la main des passantes des gerbes de fumée et des étés de peur. La violence du mot est une parenthèse qui se défait aussi dans la vie explosée, dans le regard sans fin, dans le renom sans faille, dans la vie espérée et le calme parfait. Il y a dans cette douce étreinte une heure de bonheur et des sourires sans pareils qui se défont.

Les orages dans la plaine trop sèche font écarter les chevaux qui mâchonnent. La danse chante en eux la vie qui recommence. Les éperons de cuivre des cavaliers qui passent, dans la chair des chevaux mordent gaiement et font saigner le cuir dans la lueur du premier matin. La violence du rire qui se gonfle affirme une peine évidente, un cœur à l’unisson d’un enfant qui pleure des cailloux. Savoir vraiment si la vie qui bouillonne est bien aussi étrange que la raison qui dort. Les vagues se détournent du corps perdu dans la brise de mer, les eaux salées détrempent le rire et le tapage. Il y a dans ce jour qui décline et qui dure une petite joie, le travail avance et dure dans l’espace le triomphe des mots qui posent pour toujours.
  
Les remous, les embruns, les vagues et les abris sous les grands arbres noirs unissent la fleur et le grand. Ils content aux absents l’épopée des enfants. Les beaux dimanche ils font des châteaux de sable et des rêves d’amour. Il y a dans cet air une odeur d’iode et d’ambre qui filtre le soleil et rompt avec la vie. La nature décolore la peau et grandit le désir. Les remontants du rosier se signalent et l’orage encore est absent. Les infidèles sont en attente et figurent là haut dans le regret de tout. Les nuages qui volent sur la tête décoiffent le front des visages dévoilés. La violence, ce but qui tourne sur lui-même affiche la passion dans l’ombre et danse avec les saisons. Ils sont sous les nuages et ne perdent pas leur temps.  
                                                                            
17 Août 2004.

jeudi 11 janvier 2018

Le glaçon dans la coupe pleine.



Le glaçon dans la coupe pleine déborde sur le bras. Un frisson d’âme, un rappel de forêt, chantent dans le soir qui coule, désespèrent de tout et finissent dans la mort même. Le vide tire le présent et fait descendre une espérance sur la flamme. La foule s’étonne du bien et raille, rumeur sourde de papier froissé. Elles chantent fort dans l’air et disent l’absence pour tous, les vertus meurent au lointain. L’équipe suit le doigt de la raison, perd sa fleur et le pardon. Ils sont encore dans l’enfance les aigres doux et les sanglots portent dans la cour les rois et les derniers soldats. La résistance organise un combat de grelots qui tintent. Le rire en cascade finit par s’épuiser et le retour de bataille arrose de sueur les bras posés sur une balustrade de chance. Une aventure menace, une sorte de frisson bouleverse et remue le long du dos.

Un grand corps noir se déplace sur un nuage, une équipe admire sa force. Une famille accrochée à la planche de l’ivresse, décline doucement vers la chair qui se décompose. Les deux scènes se rencontrent un été de tourbillon, de vent et de sable. La forme noire court vers le plaisir, et chante dans le bruit des arbres et de l’azur. Le corps fabrique l’espérance, dans le parfum qui agace, dans le pli de la parure d’or et de diamant, à tout moment. Les yeux collent dans le dessin de la vie, poussent devant eux du chant, de la boue et des cailloux qui fusent en églantines de vérité.

La foudre bleue part à l’aube et souffle dans la conque du salut, taillée dans la corne de la beauté. Le jour s’envole, l’éclat brûle l’horizon de sable et d’eau. Le sacre du roi finit par imposer l’orage, rien ne vient devant l’autel. La double vue sur les audaces, le ventre se tend et demande un sourire. La vie se mure en silence dans le radeau. Des explosions filtrent, les enfants jurent sur la place, les parents dorment dans le noir, les corbeaux se rassemblent et rien ne fait pleuvoir. Ils dorment accoudés aux planches et boivent tous le vin salé, les larmes et les absences et le départ trop espéré.

Il passe sur la rive, le roi de tous et des cailloux qui ornent son corps immobile qui flotte sur le sable gris. La famille s’enfonce et descend dans la plaine blanche. Le rêve passe sur le bord, à peine éclos sur la procession des gens qui arpentent et tracent sur la terre le sillon de leur présence. J’étais ici sur ce domaine dans l’air trop cher et trop lourd, dans la saveur de la menthe et dans la braise du vin qui coupe et brise la mémoire, le vent fraîchit dans le soir, le souvenir de la lumière se déplace.

Veux-t-on une espérance, un tour nouveau à la façon de rire, et faire dans la confidence une chanson de déraison ?
                                                                                                                          17 Août 2004.